Berimbau

Berimbau

          Berimbau : ce nom masculin, signifiant guimbarde en portugais, désigne un instrument de musique en forme d’arc, à une seule corde, dont la caisse de résonance est une calebasse.

Certains disent qu’il est le plus vieil instrument du monde. L’arc musical est l’ancêtre de nombreux instruments à cordes comme la harpe, la kora –en Afrique Noire-, la lyre, la cithare, le violon, la guitare ou encore le violoncelle. L’origine du terme berimbau reste inconnue. Peut-être s’est-il appelé ainsi à cause du bois utilisé pour sa fabrication, la « beriba », peut-être parce que la langue bantoue –les esclaves bantous ont été déportés en grand nombre au Brésil- on dit « m’birumbao » ou encore peut-être parce qu’avant d’utiliser une calebasse, la bouche servait de caisse de résonance comme pour une guimbarde.

De nombreuse histoires sont racontées sur le berimbau. Une première légende raconte qu’un jour en Afrique, une jeune fille admirant son reflet dans l’eau d’un lac (dans d’autres légendes c’est un garçon qui se penche au bord d’une rivière qu’il traversait pour se désaltéré), y tomba et s’y noya par excès de narcissisme. Son corps se transforma en arc, ses membres en corde et sa tête en calebasse. Selon une autre légende, ce serait un chasseur armé d’un simple arc et las de guetter sa proie qui aurait commencé pour se distraire à faire vibrer sa corde en plaçant sa bouche à l’extrémité pour sortir quelques sons –comme avec une guimbarde-. On sait d’ailleurs que les vieux maîtres, il n’y a pas si longtemps encore, jouaient ainsi du berimbau. Par la suite, un autre chasseur aura l’idée d’y ajouter une calebasse dans laquelle il transportait ses vivres pour remplacer la bouche.

Il existe trois catégories différentes de berimbau, en fonction de la taille de la calebasse. Plus elle est grosse, plus grave sera le son produit par l’instrument. Dans la roda de Capoeira, la bateria compte en général un berimbau de chacune de ces trois catégories, qui sont accordés ensemble et ont chacun un rôle bien précis. Le premier, le plus grave, appelé gunga ou berra-boi, a le rôle d’une basse, il fait la marcation ; en général, celui qui en joue dirige la roda. Le second, intermédiaire, appelé berimbau medio,  double le rythme basique du gunga, comme une guitare rythmique. Et le troisième, le plus aigu, appelé viola ou violinha, improvise, a un rôle de soliste.

Le berimbau est un élément essentiel dans la Capoeira.  Sans berimbau, pas de Capoeira : on ne joue pas sans la musique de cet instrument. Il insuffle la vie au jeu, lui donne un rythme, une âme. Le berimbau a aussi quelque chose de magique voire de mystique. On est comme attiré par sa sonorité. C’est l’appel du jeu. Il n’est pas rare d’avoir des frissons lorsqu’un grand maître de Capoeira et virtuose du berimbau commence à en jouer ou à chanter, ou encore lorsque le chœur lui répond d’une seule voix.

Le berimbau est maître du jeu et on le respecte comme tel. Certaines règles dans le jeu sont à observer comme par exemple, ne jamais passer devant lui sans se baisser. Les joueurs prêts à entrer dans la roda sont agenouillés au pied de l’instrument. Il est également la plus haute autorité de la roda. Son pied est la porte d’entrée dans le cercle. Il indique aux joueurs à quel moment ils peuvent commencer le jeu, et s’il interrompt son rythme ou s’il vient à s’abaisser en direction des joueurs pendant que ceux-ci jouent, ils s’arrêteront immédiatement et reviendront au pied de l’instrument. C’est également lui qui détermine la cadence et ainsi le style de jeu à pratiquer dans la roda. Un rythme plus cadencé appelle un jeu plus développé et joli, alors qu’un rythme plus rapide appelle des coups de pieds plus rapides et plus dangereux.

 Avec le chant et les instruments de percussion, le berimbau fonctionne comme catalyseur du jeu. Il est utilisé par exemple pour diminuer la violence de la lutte. Il fait l’objet d’un immense respect et les capoeiristes doivent toujours rester très attentifs à tout signe de sa part.

Il existe différent rythmes appelés « toques » au berimbau. Mestre Bimba utilisait 7 toques dans la Capoeira Régionale.

São Bento Grande da Regional : Ce rythme est le principal utilisée dans la Capoeira Régionale. Rythme rapide appelant un jeu “haut”, avec peu de déplacements au sol, des coups de pieds rapides et explosifs. Il est accompagné de la palma de três (battements de mains, 3 battements consécutifs).

Banguela: Jeu lent, suave, avec beaucoup de floreios (mouvements de déplacements acrobatiques), déplacements au sol. Mestre Bimba a introduit ce rythme comme un rappel à la Capoeira Angola, pour permettre aux Capoeiristes Regional de pouvoir s’entraîner afin d’être capable de jouer avec des Angoleiros (Capoeiristes de Capoeira Angola). En général, on ne chante pas sur ce rythme.

Iuna: ce nom a été donné car le toque rappelle le chant d’un oiseau du même nom. Jeu continu, avec des floreios, où seuls les Mestres et les élèves formés peuvent jouer. On ne chante pas avec ce toque.

Cavalaria: un rythme d’alerte. Son origine remonte au temps de la prohibition de la Capoeira. La personne qui jouait du Berimbau devait surveiller les alentours et si la police arrivait elle jouait le toque cavalaria qui rappelle le trop du cheval pour prévenir de l’arrivée de la police montée. Les capoeiristes masquaient alors leur lutte en danse pour ne pas être arrêtés par la police.

Santa Maria: en Capoeira Angola, ce toque est utilisé par les capoeiristes pour prendre des objets au sol avec la bouche sur le chant : « apanha laranja no chão tico-tico ». Mestre Bimba a adopté ce toque comme hymne de la Capoeira. Mestre Bimba n’a défini aucun style particulier de jeu pour ce toque. il l’utilisait pour les entrainements.

Idalina: toque inventé par Mestre Bimba. Tout comme Santa Maria, il ne définit aucun style de jeu particulier et était utilisé lors des entrainements.

Amazonas: selon certains mestres de l’époque, ce rythme servait à avertir les capoeiristes qu’il y avait un capoeiriste armé dans la roda. Et selon d’autres mestres, ce toque servait a faire des jeux avec des couteaux ou des navalhas (lame de rasoir).

Il existe également des rythmes en Capoeira Angola :

Angola : Ce rythme est joué par le berimbau gunga dans l’orchestre de la Capoeira Angola.

São Bento Pequeno : Ce rythme est joué par le berimbau médio.

São Bento Grande da Angola : Ce rythme est joué par le berimbau viola. Il est également utilisé dans des rodas de Capoeira Régionale. Il est accompagné de la palma de teirreiro (battement de mains).